Bénédiction de la cloche « Louis-Marie Grignion de Montfort »

Saint-Laurent-Sur-Sèvre, le 11 décembre 2016

Monseigneur, Mon Père, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs, Je me nomme Vincent LAUMAILLÉ, je suis le Président de la société LAUMAILLÉ- LUSSAULT, je suis campaniste.

Septembre 2015, Alain, mon responsable de département m'informe : « Vincent, nous devons nous voir sur le site de la Basilique de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, un état de délabrement important au fil des années nous amène à informer le client de mettre sur arrêt le balancement des cloches ». Le rendez-vous est pris, quelques centaines de marche et 45m plus haut, la chambre des cloches, qui n'en porte plus que le nom : en effet les volatiles se sont installés !

Malgré cela on découvre la voix de 4 airains quasi rendu au silence, Do, Ré, Mi, Sol de la 3e octave, conçu en 1902 à Nantes par la maison Astier et la maison Bollée & Frères au Mans, 5 955 kg de bronze. La charpente de bois nommé beffroi ne peut plus assurer sa vocation première de maintenir les efforts de poussée supérieure à 15 tonnes, chaque fois que l'une d'elle fait retentir son timbre ! Il faut se mettre au travail.

Musiciens, charpentiers, menuisiers, serruriers, horlogers, électriciens, électromécaniciens, seront les pôles de compétences nécessaires. Il aura fallu plus de 300 heures de réflexion afin de pouvoir proposer un projet de restauration campanaire ; notre objectif : - Sauvegarder un patrimoine campanaire,
- Sauvegarder un paysage sonore,
- Faire connaître notre métier,
- Créer un patrimoine de demain.
Mars 2016, le verdict tombe: l'entreprise LAUMAILLÉ-LUSSAULT aura la chance de pouvoir s'exprimer. Une page de l'histoire de notre entreprise s'ouvre :
- 680 heures de préparation en atelier,
- 5 mois de chantier,
- 195 m2 de bois de chêne pour la fabrication des abats sons, - 6,5 m3 de poutre de chêne à remplacer,
- 14m3 de fiente à évacuer,
et beaucoup de générosité, d'envie, de volonté de la part de tous mes campanistes, dont je suis très fier.

Je tiens à citer et remercier : Christophe, Samuel, Simon, Alexandre, Jean-Marie, Gaël, Valérie, Denis, Jean- Marc, Fabien et Olivier.

Je remercie aussi mes parents, disparus en 2006, Hervé et Annie LAUMAILLÉ, à qui j'ai succédé, sans qui aujourd'hui notre profession n'aurait toujours pas de nom. En effet, il aura fallu attendre quelques siècles avant de trouver un nom fédérateur, regroupant l'ensemble des fonctions de notre métier. C'est en 2005, que mon père Hervé LAUMAILLÉ proposa à l'ensemble des professionnels le nom de « Campaniste », construit sur la base du mot « Campanae », en latin. En 2006, l'académie française valide ce nouveau nom, il fera son entrée dans le dictionnaire en 2007.

Campaniste, c'est 7 facettes différentes dont les musiciens, et c'est grâce à l'analyse musicale que nous définissons l'homogénéité et la cohérence d'un ensemble ; la cloche ne fait pas un bruit, mais un son, une note, elle est la voix d'un message. Après avoir réalisé celle-ci, je décide de réunir paroisse, élus et montfortains pour leur donner le verdict.

Assis ici, à ma droite, devant le tombeau du Père de Montfort, j'informe que la sonnerie est de qualité mais qu'il y a un souci ; et c'est sans aucune hésitation que le Frère Michel répondit : » Oui, je sais, il manque une cloche » ! Très juste, la sonnerie initiale prévoyait un bourdon en Si bémol de la 2e octave ; cependant il fallait se rendre à l'évidence qu'un tel projet était très ambitieux, l'objectif était de pouvoir sonner quelques ritournelles et notamment « Ave Maria » à l'aide de 5 notes. Ce jour-là, je vis surtout une lueur dans les yeux de chacun voulant voir un espoir d'écrire un temps fort de notre histoire. Réflexion prise, nous proposons un Fa, de 112 cm de diamètre et de 1 tonne avec ses équipements, de la 3e octave, afin d'obtenir une gamme « Do, Ré, Mi, Fa, Sol ».

La création d'un airain est un symbole fort pour nous tous, c'est un projet fédérateur. Il réunit autour de la réflexion du message qu'elle devra porter. Qui l'accompagnera ? Quels symboles figureront coulés dans le bronze ? J'ai eu pour ma part la chance de dessiner les décors et les inscriptions en collaboration avec notre partenaire CORNILLE HAVARD à Villedieu-Les-Poêles.

Le 18 novembre 2016, le rendez-vous est pris à 5 heures du matin pour l'allumage du four réverbère, toutes les équipes sont à pied d'œuvre, mais aussi les acteurs de ce formidable projet. Plus que quelques heures et l'airain nommé « Louis-Marie Grignion de Montfort » sera. « Un temps fort peut se lire sur les visages de tous ».

Dans le but de fédérer, la municipalité, et plus particulièrement monsieur le maire, me demandent de mettre en œuvre des ateliers pédagogiques sur le thème de l'art campaniste, du moyen âge à nos jours. Le pari est pris et nous recevons ici même (dans la basilique) plus de 340 élèves des classes de CM1, CM2 et de 6e, des écoles publiques et privées. Que de joie et d'intérêt ressentis avec ces enfants !

Enfin le vendredi 9 décembre, voilà que l'objet tant attendu arrive à la Basilique, accueilli par les cloches de Saint-Gabriel et de La Sagesse, en pleines volées, un « Ave Maria » a capella et le timbre de l'orgue en prime. Comment voulez-vous ne pas être ému!

Aujourd'hui nous venons d'accompagner ce bel airain, demain nous continuerons à œuvrer avec passion et dans quelques jours, les administrés et les paroissiens de Saint-Laurent-Sur-Sèvre pourront de nouveau entendre le son de cet ensemble.

Je suis très fier d'avoir pu engager mon entreprise, ma personne, dans cette aventure humaine extraordinaire.

Merci.

Ne serait-ce tout simplement pas : « LA PROVIDENCE » ?

VINCENT LAUMAILLÉ, Campaniste

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hommage aux campanistes

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