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A toulouse, pourquoi l’horloge de la rue d’Alsace-Lorraine compte-t-elle 24 chiffres ?

Photo : Didier Laget

A toulouse, pourquoi l’horloge de la rue d’Alsace-Lorraine compte-t-elle 24 chiffres ?

TIC-TAC – Les regards portés sur les vitrines, les Toulousains remarquent peu l’horloge située au 59 de l’artère commerçante. Installée dans l’œil de bœuf d’un bel immeuble haussmannien, elle laisse sa petite aiguille paresser et ne faire le tour du cadran qu’une fois par jour.

« Ah oui, l’horloge au-dessus, euh… Aucune idée », avoue Marie, à l’accueil, à propos du monument qui surmonte la banque qui l’emploie. L’immeuble est d’architecture bourgeoise avec de grosses moulures, une imposante rotonde d’angle avec un dôme coiffé d’ardoises. Lina et Ramiro, deux Portugais en vacances, s’attardent devant cette façade “bling-bling” : « Il est complètement fou, le gars qui a fait cette horloge ? Impossible de lire l’heure dessus ! 16h10… non, 16h15… Je n’y comprends rien », s’étonne Lina tout en vérifiant l’heure sur son téléphone.

Les 24 points dansent dans les yeux d’Élisabeth

Devant la boutique qui fait face au 59, Nouri, le vigile, n’a toujours pas percé le mystère : « Je trouve que c’est plutôt compliqué à lire, mais c’est une bonne idée. Mon smartphone aussi affiche les 24h». Dans une galerie d’art attenante, les 24 points dansent dans les yeux d’Élisabeth. Elle est conquise : « C’est beau et absolument anticonformiste, j’adore ! »

Stephano vient relayer sa collègue à la galerie et pense saisir la symbolique : « C’est pour dire qu’on s’en fiche de savoir s’il s’est écoulé 5 ou 10 minutes, ça permet de minimiser le temps qui passe. » En effet, l’aiguille des heures tourne plus lentement, puisqu’elle fait un tour en 24 heures au lieu de douze. En revanche, rien ne change pour celle des minutes, qui parcourt le cadran en une heure.

Le temps, c’est de l’argent

Sur le cercle de taule émaillé, figure une inscription “H. Laumaillé”, du nom de l’entreprise qui a rénové l’horloge en 1985. Vincent Laumaillé a remplacé son père à la tête de l’horlogerie : « C’est un mécanisme très particulier. Il faut ajouter une roue entre le mécanisme des minutes et celui des heures, pour que l’aiguille tourne plus lentement. C’est une minuterie à la demi-minute. »

Pourquoi diable avoir créé une telle fantaisie chronométrique ? Frédéric, qui flâne avec son fils, pense avoir la solution : « Les employés de banque ont besoin d’une horloge précise. Il ne faut pas se tromper quand on ouvre entre 15h10 et 16h45 », ironise-t-il. Presque. Comme le bâtiment qui l’abrite, l’horloge date de 1895. L’époque est à l’émergence du capitalisme et la rue d’Alsace-Lorraine est la vitrine de ses riches promoteurs. L’immeuble a accueilli une banque dès sa construction et le temps, c’est de l’argent : « La bourgeoisie commerçante a besoin d’un système de mesure précis. C’est le symbole de la continuité du travail de l’argent qui circule 24 heures sur 24 », explique Jean-Henri Fabre, enseignant à l’Ecole nationale d’architecture de Toulouse.

Pas de chance pour le géant bancaire qui en est propriétaire et les passants qui tentent de la déchiffrer, l’horloge est en retard de dix bonnes minutes. Sans doute un moyen d’économiser sur les heures supplémentaires.

Source : Le Journal Toulousain.

Octobre 2017